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Tournée Budget du cœur – les priorités des communautés : rapport

by Josh O'Donnell
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Tournée Budget du cœur – les priorités des communautés

David Coon, le 25 février 2020

Aux titres de chef d’un parti de l’opposition et de membre du caucus des Verts à l’Assemblée législative du Nouveau-Brunswick, David Coon a tenu des forums dans 14 localités de la province pour recueillir les avis des Néo-Brunswickois quant aux priorités budgétaires pour 2020-2021.  Ce qu’il a entendu est résumé dans ce qui suit et constitue la présentation que M. Coon soumettra dans le cadre de la consultation budgétaire du ministre des Finances Ernie Steeves.  Des copies de ce rapport ont été remises aux personnes qui ont fourni leur adresse courriel lors des 14 forums et le texte peut être consulté à www.greencaucusvert.ca.

Les localités visitées :  Saint John, St. Stephen, Fredericton, Woodstock, Perth-Andover, Grand Falls, Edmundston, Campbellton, Dalhousie, Bathurst, Shippagan, Miramichi, Shediac et Moncton.

Le gouvernement a la responsabilité de protéger et de renforcer la capacite d’agir de ses citoyens et de leurs communautés. Il s’ensuit selon M. Coon que le bien-être des gens et de leurs communautés, en commençant par les enfants et les personnes plus vulnérables, doit être au cœur de chaque décision gouvernementale.   Le budget, c’est le reflet des priorités d’un gouvernement; ce à quoi il consacre des fonds est un indice de ce qu’il entend faire.

Le bien-être financier

Il existe un fort intérêt pour un budget qui s’assurerait que les personnes et les familles vivant dans la pauvreté aient un revenu suffisant pour satisfaire leurs besoins de base.

Pour y arriver il a été, entre autres, suggéré d’augmenter le budget de l’aide au revenu pour refléter la perte du pouvoir d’achat en raison de l’inflation depuis 2010 pour les bénéficiaires du Programme d’assistance transitoire et depuis 2014 pour les bénéficiaires du Programme des prestations prolongées. Le coût serait de 19 millions $ il a été suggéré que ce soit financé grâce à une augmentation de l’impôt des corporations.  L’adoption du même taux d’imposition de la Nouvelle -Écosse (14% à 15.25%) permettrait de générer un revenu additionnel de 36 millions $ qui serait pleinement suffisant pour financer l’ajout de 19 millions$ au budget du ministère du Développement social.

Dans plusieurs localités visitées, les participants ont proposé que le Nouveau-Brunswick adopte avec l’appui du gouvernement fédéral le Revenu de base garanti pour répondre aux besoins en logement, en alimentation et en soins personnels.

Il a aussi été recommandé que les écoles publiques fournissent deux repas par jour aux écoliers puisque plusieurs enfants vont à l’école le ventre vide et n’ont pas suffisamment à manger pendant la fin de semaine.

Logement abordable

On a soulevé la nécessité d’une action gouvernementale pour assurer un accès suffisant à du logement abordable bien qu’aucune recommandation spécifique n’a été faite quant à la façon de réaliser cet objectif. Il a aussi été suggéré de modifier la Loi sur la location de locaux d’habitation pour mieux protéger les locataires et autoriser le gouvernement à réglementer les loyers.  

Soins de santé

Accès accru aux services de santé mentale

On a fait remarquer que les soins de santé mentale souffrent depuis longtemps d’un problème de sous-financement qui donne lieu à de longues listes d’attente pour la première consultation. L’intervention ne doit pas tarder lorsqu’il s’agit des services aux personnes très vulnérables comme les jeunes LGBTQ. Plusieurs personnes ne peuvent pas attendre 12 à 18 mois pour pouvoir parler à quelqu’un et obtenir de l’aide. Une augmentation du financement des lignes d’écoute comme CHIMO serait utile. On a aussi suggéré la nécessité de légiférer pour interdire les thérapies de conversion.

Amélioration des soins de santé primaires et diversification des professionnels de la santé

Il est clair qu’il faut changer la façon de fournir les soins de santé primaires qui sont difficilement accessibles. Des participants aux rencontres ont indiqué avoir attendu de 20 à 60 jours pour obtenir un rendez-vous avec leur médecin de famille ce qui les a obligés à se rendre au service d’urgence de l’hôpital local.

La suggestion la plus fréquente au sujet du budget portait sur la nécessité de financer la diversification des professionnels de la santé pour éviter que les gens soient pris en otage parce qu’il n’y a qu’un seul médecin et pour ne pas être condamnés à se rendre aux urgences pour obtenir des soins de santé primaires.  On a recommandé de financer les soins primaires fournis par les pharmaciens, les infirmières praticiennes et les sages-femmes (dont les services devraient être disponibles dans les régions autres que celle de Fredericton)  

Diminution des admissions dans les hôpitaux et des visites aux urgences grâce à un investissement dans des programmes de mieux-être

Afin de réduire le recours au système de santé, que ce soit les fournisseurs de soins primaires ou de soins aigus, il a été souvent recommandé de financer des programmes efficaces de mieux-être dans les communautés et les écoles. Le Nouveau-Brunswick possède déjà la preuve des économies réalisées dans les soins de santé pour chaque dollar investi dans les programmes communautaires de mieux-être.

Les soins aigus et les services d’urgence

L’élimination des soins de santé aigus et la réduction de l’accès aux soins d’urgence dans les villes et régions rurales avoisinantes ont été sévèrement critiquées.  On considère qu’il en résultera une augmentation du recours aux travailleurs paramédicaux, des transferts entre hôpitaux et du besoin pour les soins aigus dans les hôpitaux des grandes villes et qu’il sera impossible d’y répondre en raison de la pénurie de personnel et des listes d’attente actuelles.

Les citoyens des villes et des régions rurales ainsi que leurs professionnels de la santé considèrent ce plan dangereux et injuste. Des citoyens des grandes villes craignent que la nécessité d’accueillir un plus grand nombre de patients provenant des régions éloignées aggravera une situation déjà difficile dans leurs hôpitaux. On craint aussi que les infirmières et infirmières qui travaillaient à proximité de leur lieu de résidence préfèreront chercher de l’emploi à Houston au Maine ou à Amherst en Nouvelle-Écosse plutôt que de déménager aux hôpitaux régionaux plus éloignés. Certains abandonneront la profession.  

Il a été recommandé d’augmenter le recrutement d’infirmières grâce à la gratuité des études dans ce domaine. De plus de manière générale on s’accorde pour dire qu’il faut améliorer la rémunération des travailleurs de soins

et que les soins aux personnes doivent être considérés comme un investissement et non comme une dépense.

Soins de longue durée à l’intention des personnes âgées

Le budget doit fournir un meilleur accès aux soins à domicile pour les personnes aînées et doit améliorer la rémunération et les conditions de travail pour les travailleurs et travailleuses du secteur des soins de longue durée.

Obtenir de justes transferts fédéraux pour les soins de santé

Les revenus provenant des transferts fédéraux pour les soins de santé doivent refléter les besoins, entre autres démographiques et ne doivent pas être fondées sur le PIB ou sur des formules per capita.

Les sources de revenu

L’idée selon laquelle les grandes entreprises qui opèrent au Nouveau-Brunswick ne payent pas leur juste part des impôts sur le revenu et de la taxe foncière est largement répandue. Notons que l’impôt sur le revenu des entreprises ne représente que 5.5% des revenus de la province et que les hôpitaux régionaux payent plus de taxes foncières que la plus grande raffinerie pétrolière canadienne.  Au taux relativement bas de la taxation, s’ajoutent les exemptions fiscales et les paradis fiscaux qui nous privent des revenus nécessaires à l’amélioration des services publics essentiels.

Quant à la taxation des habitations non occupées par le propriétaire, les opinions divergent. Certains disent que nous avons besoin des 40 millions $ généré en taxe foncière alors que les propriétaires de petits immeubles affirment que leurs appartements devraient pour permettre leur opération et entretien être traités comme s’ils étaient occupés par le propriétaire.

Il existe un consensus exprimé dans à peu près toutes les localités pour décrier le fait que nous ne recevons pas suffisamment de redevances pour le bois vendus aux entreprises qui ont des permis d’exploitation des terres de la Couronne.

Action pour le climat

Ils ont été nombreux à réclamer que le budget priorise l’action climatique en soutenant mieux les efforts d’accroissement de l’efficacité énergétique des maisons et des immeubles, en adoptant plus de sources renouvelables d’énergie, en augmentant le nombre de véhicules électriques et en améliorant le transport public entre les communautés (y inclus le rail). Il ressortait clairement que les gens veulent que le budget reflète de manière concrète l’importance accordée à cette question.  

Personne n’a indiqué d’opposition à la tarification du carbone mais ils étaient nombreux à s’inquiéter de la façon dont les argents du Fonds pour les changements climatiques seront dépensés pour véritablement aider les Néo-Brunswickois à répondre à la crise climatique.

Il semble exister un sentiment d’urgence pour s’assurer que le budget puisse aider les communautés et les ménages à s’adapter aux effets du changement rapide du climat. On a identifié la protection contre les inondations comme étant prioritaire et on a souligné le rôle essentiel des actions locales et communautaires.

Le développement régional et communautaire

Les citoyens et citoyennes des régions rurales et du Nord considèrent que Fredericton les a soit abandonnés ou pire, les menace en coupant leurs services publics et en démantelant leur infrastructure sociale.  On pense que « Fredericton » croit savoir mieux et impose aux régions les solutions propres à la capitale provinciale sans égards aux besoins locaux.  

“Les communautés ne sont plus habilitées à agir, on leur a coupé le souffle quand tout le pouvoir décisionnel a été déménagé à Fredericton. »

« Le gouvernement fait tout son possible pour que les gens se sentent inférieurs et n’osent plus s’affirmer et parler. »

« Dans notre communauté nous sommes ouverts au changement mais le changement doit être du genre à solutionner les problèmes. »

“Nous assistons au Nouveau-Brunswick à un refus délibéré de la réalité rurale ».

Certains ont suggéré de nommer des agents de développement communautaire mais plusieurs ont fait remarquer que Fredericton a bloqué de bonnes initiatives qui auraient permis le développement de leurs communautés.  L’absence d’investissement du gouvernement provincial dans Restigouche-Chaleur est une doléance qui revient souvent. Il a été suggéré à maintes reprises que des fonds pour soutenir efficacement le développement économique devraient être mis à la disposition des communautés.

On a aussi recommandé à plusieurs reprises que le budget devrait prévoir des mesures qui encourageraient une plus grande dépendance sur la production alimentaire locale et qui l’augmenterait en s’assurant, entre autres, que les institutions gouvernementales comme les écoles et les hôpitaux s’approvisionnent auprès des producteurs locaux et encouragent les fermiers à produire pour le marché néo-brunswickois.

Éducation

Le budget doit permettre une budgétisation pluriannuelle dans le système d’éducation. Plus spécifiquement, il faut prévoir le financement nécessaire au rétablissement de la formation aux métiers dans nos écoles secondaires.  Des fonds doivent aussi être prévus pour s’assurer que les étudiants qui ont des besoins spéciaux puissent réaliser leur plein potentiel. On relève que la centralisation du pouvoir décisionnel dans des districts scolaires fusionnés cadre parfois mal avec les intérêts des écoles locales.

Gouvernance

Il est généralement admis que le système des DSL et l’absence d’incorporation de certaines régions servent mal ces communautés. On a exprimé une volonté de regrouper les services des municipalités incorporées qui sont proches les unes des autres sur des petits territoires.

On fait valoir que la municipalisation des communautés rurales donnerait accès à des subventions du gouvernement fédéral.

La formule de la subvention inconditionnelle ainsi que la répartition des responsabilités entre les gouvernements municipaux et la province servent mal les municipalités et doivent être corrigées. On doit pouvoir compter sur un financement stable des infrastructures quel que soit le gouvernement.

Le budget ne devrait pas délester les responsabilités sur les gouvernements municipaux sous prétexte de favoriser une plus grande autonomie locale.

Le gouvernement provincial ne tient pas compte de l’augmentation des populations qui se produit dans les villes et les régions rurales avoisinantes.

Usage et gérance des forêts

Nos ressources forestières sont accaparées par les titulaires de permis, privant ainsi les entrepreneurs locaux de la possibilité de développer des entreprises locales et niant à la communauté un droit de regard sur les forêts de la Couronne en dépit de l’importance de celles-ci dans la gestion du bassin versant.  On permet l’arrosage et les coupes à blanc dans les réservoirs d’eau potable de nos communautés. C’est le gouvernement et non le secteur privé qui devrait contrôler les terres de la Couronne. Le budget ne devrait pas subventionner l’arrosage au glyphosate. Plusieurs personnes réclament une augmentation des redevances forestières pour s’assurer que les Néo-Brunswickois obtiennent leur juste part de l’exploitation des ressources publiques.

 Engagement citoyen

« Pour contrôler notre budget, il faut reprendre le contrôle de notre province. »

On a mentionné à maintes reprises qu’en raison de la part importante de l’économie provinciale sous son contrôle, la famille Irving a par ses affaires une influence malsaine sur le gouvernement et sur les entrepreneurs.   Bien qu’il ne s’agit pas strictement d’une question budgétaire il est clair qu’on aspire à un gouvernement qui sert l’intérêt public et qu’on ne veut pas être pris en otage par de puissants intérêts privés.