Par David Coon
Le thème de la Journée de la Terre de cette année « Restaurer la Terre » est à propos. Bien que les gouvernements, y compris le nôtre, continuent d’affirmer leur engagement en faveur de la protection de l’environnement, le train est déjà passé et ne se rattrape plus. La crise climatique, la sixième extinction massive en cours, l’acidification de nos océans, les microplastiques dans les placentas et le glyphosate dans notre urine témoignent de l’échec total des gouvernements à protéger notre environnement.
Le soin que nous apporterons à la Terre mènera éventuellement à la guérison. Il permettra au moins de récupérer ce qui n’a pas encore atteint le point de non-retour. La restauration de la Terre doit devenir une priorité politique. Jusqu’à maintenant, la réalité ne s’est pas avérée très encourageante.
Au cours des dix dernières années, la superficie totale des terres publiques qui ont été coupées à blanc équivaut à la taille de l’Île-du-Prince-Édouard. Les populations de nombreuses espèces d’oiseaux forestiers se sont effondrées. La forêt acadienne a été remplacée par quelque chose plus boréal ressemblant à des fermes d’arbres.
En 2014 plutôt que chercher à restaurer la forêt, le gouvernement conservateur a déréglementé la coupe à blanc. Les parties de la forêt où la coupe sélective était appliquée pour perpétuer l’habitat faunique et maintenir les vestiges de la forêt acadienne ont été soumises à la coupe à blanc afin d’augmenter l’acheminement du bois vers les sociétés forestières.
Cela a eu pour effet de miner le marché des propriétaires de boisés privés, puisque les grandes usines ont obtenu tout le bois qu’elles désiraient des terres de la Couronne. Pour permettre cela, les conservateurs ont abandonné l’objectif traditionnel de conserver suffisamment d’habitats pour soutenir les populations fauniques qui ont besoin des forêts plus anciennes, les condamnant ainsi à la destruction. Les libéraux, malgré leurs promesses de revoir l’entente, n’ont rien fait, si ce n’est transférer les biologistes de la faune à d’autres emplois, pour masquer leur gênante complicité.
Il y a vingt ans, le ministère des Ressources naturelles publiait une évaluation de plus de 2 300 oiseaux, mammifères, poissons, reptiles, amphibiens, papillons, fougères et orchidées du Nouveau-Brunswick, intitulée La Situation générale des espèces sauvages au Nouveau-Brunswick faisant état des espèces en difficulté. Au total, 173 espèces différentes ont été jugées en péril : soit en danger de disparaître, soit possiblement en péril ou soit sensibles. Aujourd’hui, ce nombre est passé à restaurer la forêt, le gouvernement conservateur a déréglementé la coupe à blanc. Les parties de la forêt à 1 331 espèces, selon centre de données sur la conservation du Canada atlantique.
Il y a près de dix ans, la Loi sur les espèces en péril a été améliorée pour assurer le rétablissement des espèces les plus menacées d’extinction, en veillant à ce qu’elles disposent de l’habitat nécessaire pour empêcher leur disparition. Elle n’a jamais été mise en œuvre.
Depuis l’année de l’obtention de mon diplôme d’études secondaires, la population d’oiseaux en Amérique du Nord a chuté de 70 %. Les populations de mammifères, de reptiles, d’amphibiens et de poissons ont diminué dans la même proportion au cours de cette période.
Les petites réserves naturelles que le ministre des Ressources naturelles veut créer ne feront rien pour arrêter les extinctions aussi longtemps que l’habitat continuera d’être détruit à grande échelle. La destruction de la forêt par la coupe à blanc, son arrosage au glyphosate et son remplacement par des fermes forestières doit cesser.
En tant que Vert, je sais que le Nouveau-Brunswick peut prospérer sans le pillage. La prospérité peut être atteinte sans exploitation abusive. Si nous voulons restaurer notre Terre, nous pouvons encore le faire.
Lorsque nous étions en confinement au printemps dernier, j’ai été émerveillé d’entendre le chant des oiseaux. Pas les cris de quelques oiseaux dispersés çà et là dans notre quartier, mais un chœur de nombreux oiseaux de toute espèce chantant à gorge déployée. Ça me rappelait les printemps de mon enfance, et ce à quoi ils pourraient encore ressembler. Je suis toujours et encore émerveillé par le printemps et par le pouvoir que possède la nature pour renaître.
Je trouve du réconfort dans le fait que les mésangeais nous rendent encore visite au camp pour quêter une part de notre collation. Contrairement à la plupart des oiseaux, ils sont attirés par nous et nous cherchent. Les histoires au sujet des mésangeais sont nombreuses autant dans les cultures des Premières Nations que dans celles des colons. On dit que tout mal fait à un mésangeai sera retourné contre la personne qui lui a fait du mal. C’est une leçon que notre société ferait bien de retenir pour aussi longtemps que les mésangeais continuent à nous visiter.
David Coon est le chef du Parti vert du Nouveau-Brunswick et le député de Fredericton-Sud.