Transcription de discours

David Coon, Chef du Parti Vert du Nouveau Brunswick

Le 30 mars 2021

Je suis honoré d’être ici aujourd’hui pour vous livrer mon point de vue sur l’état de notre province.

Je suis le chef du Parti vert depuis dix ans et j’ai eu le privilège de voyager d’un bout à l’autre de la province, de Caraquet à Campobello en passant par le cap Tormentine. Il y a très peu de routes que je n’ai pas empruntées au Nouveau-Brunswick, y compris les routes de la série 900, qui ne sont pas pour les âmes sensibles.

J’ai rencontré des maires et des infirmières, des propriétaires de petites entreprises et des soignants, des étudiants et des enseignants. 

J’ai rencontré des gens dans des cafés, des parents dans leurs maisons, sur leurs fermes et à bord de nos traversiers de Fundy. Et bien sûr, j’entends tous les jours les commentaires de mes électeurs de Fredericton-Sud. Ce que je m’apprête à dire aujourd’hui m’a été inspiré par eux tous.

Chacune des conversations que j’ai eues m’a non seulement aidé à comprendre les défis auxquels nous sommes confrontés, mais m’a aidé à voir des solutions.

Lorsque je parle de l’état de la province, je pense à l’état de la population. Nous tous, tous les Néo-Brunswickois et toutes les communautés : les Autochtones, les nouveaux arrivants, les Acadiens, les anglophones, les personnes de tous âges, de toutes origines et de toutes identités de genre – nous tous.

Alors que le premier ministre mesure l’état de notre province en termes purement financiers, mon instrument de mesure est différent. Nous sentons-nous en sécurité ? Sommes-nous heureux ? Valorisés ? Les enfants vont-ils bien ? La nature qui nous entoure est-elle vigoureuse ? Sommes-nous fiers de l’état de la province que nous transmettrons à nos enfants ? Comment répondrez-vous à ces questions?

Un ancien chef du service de psychiatrie d’une de nos régions sanitaires m’a dit un jour qu’un nombre stupéfiant de ses jeunes patients n’avaient aucun but. Bien que cela puisse être difficile à accepter, avez-vous l’impression que le Nouveau-Brunswick va dans la bonne direction ? 

Si l’on jette un coup d’œil sur l’année écoulée, il est indéniable que nous avons été secoués par des pertes, des crises et des défis. 

Nous avons perdu des êtres chers, sans pouvoir leur dire, au revoir, correctement. Nous avons vu, la douleur des uns et des autres, mais aussi leur force, et leur générosité. Nous avons vu nos personnels de santé, se démener pour prendre soin de nous et de nos proches. 

Nous avons pleuré la découverte dévastatrice des tombes non marquées d’enfants autochtones enterrés à côté des pensionnats. Nous avons été témoins de catastrophes climatiques extrêmes dans tout le pays. Et maintenant, c’est la guerre en Europe. 

Ça a été dur. Mais les difficultés ont le don de mettre en évidence ce qui est le plus important.

Nous regardons les dures réalités que vivent tant de gens et nous reconnaissons que, dans bien des cas, les choses n’ont pas à être aussi difficiles. Notre gouvernement a choisi de laisser les choses être plus difficiles que nécessaire pour les gens, parce que leurs priorités sont ailleurs – comme dans le livre de comptes d’un comptable.

En tant que chef du Parti vert, mes priorités sont claires. Quand je pense au bien-être, je pense à l’état des soins de santé et de l’éducation. COVID a démontré la fragilité de notre système de santé et le rôle vital que jouent nos écoles dans le bien-être social de nos enfants.  

Je pense également à la façon dont la crise climatique nous affecte au quotidien. Nous savons que la santé de notre environnement et notre propre santé sont inextricablement liées. Nous devons nous orienter vers une énergie 100 % renouvelable, augmenter les investissements dans les transports publics et leur utilisation, et aider les familles et les entreprises à intégrer l’efficacité énergétique dans leurs maisons et leurs bâtiments. Le coût de l’inaction est chaque jour plus élevé.

La crise du logement abordable pousse les gens à quitter leur maison. Je ne veux pas vivre dans une province où les personnes âgées, les parents seuls ou les jeunes familles – où n’importe qui – doivent faire face à des augmentations de loyer soudaines et astronomiques pendant que notre gouvernement maintient le statu quo. Et vous ? Nous avons besoin de plafonner l’augmentation des loyers et de déployer tous les efforts nécessaires à la construction de logements abordables de qualité.

Les petites entreprises et les travailleurs indépendants sont le fondement économique de nos communautés, mais la COVID leur a imposé défi après défi. Les salons de coiffure et les salles de conditionnement physique, les restaurants et les bars, les musiciens et les artistes, les salles de concert et les théâtres ont dû lutter – et notre gouvernement a retenu des fonds qui auraient pu les aider à traverser la pandémie.

En partageant l’état de la province tel que je le vois, aussi important qu’il soit de reconnaître nos difficultés, je veux aussi mettre l’accent sur l’espoir.

Et je ne parle pas de l’espoir théorique de ce qui pourrait arriver un jour, mais des pousses vertes et tendres de changements réels que je vois dans nos communautés, des changements créés par des Néo-Brunswickois passionnés.

J’aimerais prendre quelques instants pour vous parler de certaines personnes, d’organismes sans but lucratif, d’entreprises et de communautés qui prennent des mesures dans notre intérêt à tous, pour mettre en lumière l’espoir qu’ils représentent. Il n’y en a que quelques-uns. 

Sœur Auréa Cormier du Front commun pour la justice sociale à Moncton et Claude Snow du Comité des 12 dans la péninsule acadienne sont des défenseurs infatigables des pauvres. 

Certains sont des philanthropes comme Marcel Lebrun, le fondateur du projet de logements abordables 12 neighbours à Fredericton, qui offre un logement, une communauté et des possibilités aux sans-abri. 

D’autres travaillent dans le domaine des soins de santé, comme la Dre Sara Davidson et le pharmacien Dan Pike qui ont créé le Riverstone Recovery Centre à Fredericton pour aider les personnes aux prises avec des toxicomanies.

Dans la région de Moncton, Paul Ouellette a été un défenseur infatigable des personnes combattant la maladie mentale, faisant campagne pour la création d’un poste de défenseur de la santé mentale à l’Assemblée législative et pour l’expansion des tribunaux de santé mentale dans toute la province.

À Saint John, l’organisme sans but lucratif Housing Alternatives a rénové de vieux bâtiments délabrés pour en faire des logements abordables.

À Miramichi, le propriétaire d’un boisé, Jean Guy Comeau, travaille sans relâche afin d’assurer la durabilité et l’intendance locale des ressources forestières de la Miramichi pour le bénéfice économique de toute la communauté.

Basée à Fredericton, l’Association des constructeurs d’habitations du Nouveau-Brunswick forme et certifie les constructeurs locaux en matière de construction de maisons à consommation énergétique nette zéro. 

Les promoteurs immobiliers Paul Arseneault et Gunther Foerster construisent une communauté verte de maisons à consommation nulle à Moncton.

La ville de Saint John a son propre service public d’électricité qui développe un parc éolien local pour fournir de l’énergie renouvelable à ses citoyens.

Et il y a un nombre croissant de jeunes entrepreneurs qui ont créé des entreprises d’énergie solaire de Saint John à Bathurst.

Dans le sud-est, la coopérative Really Local Harvest soutient le développement de l’agriculture locale et durable pour fournir des aliments locaux. 

À Sackville, Open Sky Coop offre une formation professionnelle, un soutien résidentiel et une assistance professionnelle axés sur l’agriculture afin d’améliorer la qualité de vie des personnes souffrant de troubles du développement.

À Pointe Verte, des citoyens locaux ont créé une coopérative appelée La Barque afin de fournir un espace, des outils et une formation pour dynamiser la communauté Chaleur.

À Shippagan, des chercheurs de Valores, l’institut de recherche sur les zones côtières, travaillent avec les communautés pour élaborer un plan d’adaptation aux changements climatiques pour la Péninsule acadienne. 

À Edmundston, l’Atelier R.A.D.O., un organisme sans but lucratif, gère une banque alimentaire, une cuisine communautaire et un dépôt de vêtements, et offre des services d’urgence aux personnes en situation de pauvreté. 

À Saint-André, les producteurs laitiers Jacques et Roche Laforge ont construit le premier biodigesteur de la province pour transformer le fumier des vaches, ainsi que les déchets des entreprises de transformation des aliments, en énergie renouvelable pour le réseau électrique.

Ce ne sont là que quelques exemples des progrès incroyables qui sont réalisés ici. Les Néo-Brunswickois travaillent fort pour bâtir la province dans laquelle nous voulons vivre – un endroit qui reflète notre caractère distinct et unique, alimenté par une économie qui convient à une province plus petite et considérablement rurale comme la nôtre. 

La réforme de la gouvernance locale est une occasion d’habiliter les communautés du Nouveau-Brunswick à prendre en charge le développement économique régional. 

Nous devons saisir cette chance de créer les politiques qui favoriseront le développement de coopératives d’habitation gérées localement, de projets d’électricité renouvelable et de forêts communautaires.  

Nous nous soucions les uns des autres et nous savons comment faire avancer les choses. Mais nous ne pouvons y parvenir sans soutien.

La plupart des artisans du changement qui travaillent ici se heurtent à un obstacle commun : les politiques de déréglementation, de privatisation et de réduction des dépenses publiques. Ces politiques découlent d’une idéologie qui a été adoptée par tous les premiers ministres depuis Frank McKenna, et qui continue d’être adoptée par Blaine Higgs, une idéologie qui valorise la croissance économique à tout prix et qui donne la priorité aux riches sociétés plutôt qu’aux gens et à l’environnement.

C’est une idéologie que nous sommes de plus en plus nombreux à reconnaître comme nuisible, inhumaine et non durable. Elle nous fait défaut depuis des décennies.

Pourquoi ce grand décalage entre ce que nous sommes en tant que personnes et le fonctionnement des partis au pouvoir ? Lorsque j’ai été élu pour la première fois en 2014, le leader parlementaire du gouvernement libéral m’a dit que « le système est le système. » 

Je n’y crois pas. Dire que « le système est le système » conduit les jeunes à ne pas avoir de but, à ne pas avoir le sentiment que leurs valeurs seront acceptées par ceux qui contrôlent le système.

 Il n’est pas nécessaire qu’il en soit ainsi.

Nous devons, et nous pouvons, placer le bien-être des personnes au cœur du processus décisionnel du gouvernement. Cela commence par le respect de tous les citoyens en tant que membres de la famille, amis et membres importants de leur communauté. 

Et nous devons être capables de vivre ensemble dans le respect. De façon cruciale, cela signifie qu’il faut chercher une réconciliation significative avec les Premières Nations qui n’ont jamais cédé de terres, mais qui ont signé des traités de paix et d’amitié. Nous devons poursuivre les deux. Il n’y a pas de paix sans justice et l’injustice est la marque de fabrique de la relation entre les gouvernements successifs et les Premières Nations. 

Il est grand temps pour nous de changer cela.

J’espère que, comme moi, vous voyez tout ce qui est possible si seulement la volonté était là, si seulement les valeurs de notre gouvernement s’alignaient sur celles de notre peuple.

En tant que Néo-Brunswickois, nous avons un fort sentiment d’appartenance et un lien profond avec la terre. Notre engagement envers la famille et la communauté est bien ancré. Nous sommes fiers d’être autosuffisants, mais nous savons que nous avons une responsabilité envers nos voisins. Ces valeurs communes constituent l’épine dorsale de tout ce que nous faisons. Elles ont façonné la société néo-brunswickoise. 

Mais notre société a également été façonnée par des décennies de coupures dans les services publics de première ligne, qui ont laissé le personnel surchargé de travail et manquant de ressources. La COVID a mis en évidence la fragilité de notre système de soins de santé et les trous béants dans notre filet de sécurité sociale. 

Nous avons assisté au démantèlement d’institutions importantes comme la Société d’habitation du Nouveau-Brunswick, ce qui a contribué à la diminution rapide du nombre de logements abordables. La Régie des transports du Nouveau-Brunswick, qui pourrait assurer l’accès au transport public dans tous les coins de la province, n’existe que de nom.

Et les vastes terres de la Couronne qui couvrent la moitié de notre province, non cédées et non abandonnées par les Premières Nations, autrefois riches en espèces sauvages et couvertes de magnifiques forêts regorgeant de biodiversité, ont été cédées à une poignée de sociétés et dépouillées de la vie abondante qu’elles soutenaient autrefois.  La dégradation des forêts doit cesser.

Nous avons pris l’habitude d’entendre des politiciens proclamer fièrement que le gouvernement doit être géré comme une entreprise – c’est-à-dire de manière froide, impersonnelle et avec un œil aiguisé sur les résultats.

Je ne dis pas que le gouvernement ne devrait pas être frugal. Il devrait l’être. Mais trop souvent, les libéraux et les conservateurs ont fait des économies de bouts de chandelle. Il suffit de penser à l’escroquerie dont sont victimes les employés de première ligne dans le secteur des soins de santé. Il suffit de penser aux millions de dollars gaspillés à poursuivre des technologies coûteuses et risquées, comme les petits réacteurs nucléaires, ou à subventionner des sociétés incroyablement riches – ces mêmes sociétés qui cachent leurs profits dans des comptes bancaires à l’étranger pour ne pas payer leur juste part d’impôt. 

Les Néo-Brunswickois savent que ce n’est pas correct. Je l’entends constamment. 

Je veux que le bien-être de nos enfants, de nos gens et de nos communautés soit au cœur du processus décisionnel du gouvernement. 

Par où commencer ?

Par les soins de santé. Écouter ceux qui sont sur le terrain, fournir les services là où les gens en ont besoin. 

Les soins de santé doivent être restructurés pour être préventifs, axés sur le patient et basés sur la communauté. Cela signifie que les cliniques de soins collaboratifs en équipe et les cabinets de médecine familiale doivent devenir la norme, pour traiter à la fois le corps et l’esprit, afin de garantir que vous recevez les soins dont vous avez besoin quand vous en avez besoin. Et cela signifie fournir à la santé publique les outils nécessaires pour offrir des soins de santé préventifs.

Deuxièmement, nous avons besoin que le gouvernement reprenne sa responsabilité de veiller à ce qu’il y ait une offre adéquate de logements abordables, où les augmentations de loyer sont plafonnées afin de garder les locataires en sécurité dans leur maison. C’est l’objet de la Loi sur l’habitation du Nouveau-Brunswick et de la Société d’habitation du Nouveau-Brunswick. Il est temps de les réactiver tous deux. Et il est grand temps de plafonner les augmentations de loyer afin de permettre aux locataires de rester en sécurité dans leur logement.

Troisièmement, nous devons répondre de façon urgente et significative à la crise climatique, ce qui signifie que nous devons nous éloigner de notre dépendance aux combustibles fossiles. Nous devons prendre des mesures pour devenir autosuffisants en matière d’énergie renouvelable.

Nous sommes déterminés et nous sommes fiers de savoir que nous pouvons subvenir aux besoins de nos familles et de nos communautés.   Je pense que c’est la raison pour laquelle il y a tant d’intérêt à avoir des panneaux solaires sur nos toits. Tout comme beaucoup d’entre nous ont une source de chauffage au bois et un générateur dans la remise, l’idée d’utiliser le soleil pour alimenter nos maisons correspond à notre désir d’être autosuffisants et de vivre de manière plus durable.

Cette volonté d’autosuffisance énergétique et de durabilité locale se reflète dans nos communautés. De nombreux maires m’ont dit qu’ils voulaient alimenter leur municipalité en énergie solaire ou éolienne, mais qu’Énergie NB ne voulait pas jouer le jeu. Et les lois existantes les empêchent de progresser.

Je me souviens qu’étant enfant, je rendais visite à mon grand-père sur sa ferme et qu’il m’a annoncé qu’il avait remplacé tous les tuyaux de sa voiture. Ce jour-là, il m’a donné une clé à emporter chez moi, comme pour me dire que je pouvais faire la même chose. Et le fait qu’il ait cru en moi m’a conduit à tenter de nombreuses choses dans ma vie.    

Je sais que nous pouvons devenir beaucoup plus autosuffisants.

Le simple fait de fournir à quelqu’un les outils dont il a besoin pour se lancer peut faire toute la différence et ouvrir de nouveaux mondes de possibilités. 

Mais il existe des outils que seul le gouvernement peut fournir. De nouvelles politiques et législations qui balaient les obstacles au changement. Un financement abordable pour garantir que le capital nécessaire au changement soit facilement disponible.

En fin de compte, lorsque je pense à l’état de la population, je me demande : quelle est la véritable mesure du succès pour le Nouveau-Brunswick? 

La véritable mesure d’un Nouveau-Brunswick prospère sera le moment où chacun aura un fort sentiment d’appartenance et la possibilité d’être heureux dans le respect mutuel, et de vivre en harmonie avec la nature qui nous entoure. 

Si chacun d’entre nous, peu importe ses dons ou ses capacités, est accepté, respecté et accueilli comme un ami et un voisin, comme un membre précieux de notre communauté, l’état du Nouveau-Brunswick n’aura rien à envier aux autres.

Mes collègues verts et moi-même sommes impatients de travailler avec vous pour y parvenir.