Par David Coon
C’est la Journée mondiale de l’environnement, dont les thèmes sont « réimaginer, recréer et restaurer. » Les organisateurs nous exhortent à faire preuve d’audace et non de timidité. Nous sommes la génération qui doit faire la paix avec la nature, disent-ils. Et ils ont raison de le dire.
En 2015¸ le Nouveau-Brunswick comptait 701 espèces sauvages en péril ou très en péril, selon le Centre de données sur la conservation du Canada atlantique. Un nombre qui est presque incompréhensible. C’est un nombre effrayant d’espèces animales et végétales en danger de disparaître à jamais des forêts, des rivières et des eaux côtières du Nouveau-Brunswick.
Je me souviens qu’étant jeune, j’ai vu dans un musée une exposition de tourtes voyageuses empaillées qui décrivait comment elles avaient été chassées. La brutale finalité d’apprendre qu’une espèce entière avait été rayée de la carte a eu un impact énorme sur moi. C’est certainement un résultat pour lequel le mot « dévastation » a été inventé.
Aujourd’hui, la grande variété d’espèces sauvages en péril fixe l’abîme parce que l’habitat a été dévasté. La chasse est bien réglementée et les chasseurs sont soucieux de la conservation. La destruction de l’habitat ne l’est pas. Cela devrait susciter l’indignation et la peur.
Cela devrait susciter l’indignation face à la complicité des gouvernements qui permettent que cela se produise en approuvant les pratiques forestières, les pesticides, la pollution de nos cours d’eau et le développement qui détruit l’habitat. Cela devrait susciter la peur, car nous ne vivons pas en dehors de l’environnement. Nous en faisons partie intégrante. Nos vies, et celles de toute vie, sont interdépendantes.
Les récentes révélations selon lesquelles le ministre des Ressources naturelles et ses prédécesseurs ont manqué à leurs obligations légales, soit de mettre en œuvre la loi même qui a été conçue pour sauver les espèces au bord de l’extinction au Nouveau-Brunswick, sont un choc. Les organisations des Premières Nations, de l’environnement et de la conservation qui ont révélé cette situation agissent avec audace. Elles sont prêtes à poursuivre le ministre en justice pour que notre système judiciaire le tienne responsable d’avoir manqué à ses responsabilités législatives.
La destruction de la nature n’est pas le coût du progrès, c’est le prix exigé par la main invisible du marché lorsque les gouvernements ne parviennent pas à contrôler son comportement. Il est plus rentable de faire une coupe à blanc que de procéder à une récolte sélective. Il est encore plus rentable de liquider la forêt naturelle et de la remplacer par une ferme forestière, le contribuable payant la facture.
Cependant, la guerre contre la nature est une guerre que nous ne pouvons pas gagner. C’est comme mettre le feu à sa maison parce qu’on a froid. Vous aurez peut-être plus chaud pendant un court instant, mais vous devrez sortir de la maison. Nous ne pouvons pas vivre en dehors de l’environnement, nous devons donc commencer à réimaginer comment vivre et prospérer au sein de celui-ci.
Il était encourageant de voir combien de personnes ont participé à « No mow May. » À la différence de l’Heure de la Terre, il s’agissait d’un effort pratique visant à garantir aux abeilles une plus grande quantité de nourriture lorsqu’elles sortent de leurs terriers hivernaux. Nous avons repensé la façon dont nous traitons nos pelouses au début du printemps et avons recréé un habitat de type prairie pour les abeilles au moment où elles en ont le plus besoin.
Faisons la paix avec la nature, pendant que nous en avons encore la chance.
David Coon est le député de Fredericton-Sud et le chef du Parti vert du Nouveau-Brunswick.