Une maison abordable sur une planète tolérable
par David Coon
Il y a plus de 150 ans, le philosophe américain Henry David Thoreau posait la question rhétorique suivante : « À quoi sert une maison si vous n’avez pas une planète tolérable sur laquelle la mettre ». Cette citation m’est revenue en tête lorsque j’ai vu la maison d’une famille emportée par une rivière tumultueuse pendant la catastrophe climatique qui a frappé la Colombie-Britannique la semaine dernière. En même temps, ici, chez nous, nous voyons des familles quitter leur appartement partout au Nouveau-Brunswick en raison d’augmentations de loyer inabordables.
Nous sommes confrontés à la fois à une crise climatique et à une crise du logement. En tant que Verts, nous voulons que le gouvernement se réengage dans le marché du logement comme il l’a fait dans les années 70 et 80 par l’intermédiaire de la Société d’habitation du Nouveau-Brunswick, en soutenant la construction de logements coopératifs et sans but lucratif. La Société a été démantelée en tant que société de la Couronne autonome par Frank McKenna en 1990, mais sa loi habilitante est toujours en vigueur. Il est temps que le gouvernement intervienne pour soutenir le développement de logements publics.
Nous disposons d’une formidable main-d’œuvre de gens de métier et de constructeurs de maisons qui, grâce à la section néo-brunswickoise de l’Association canadienne des constructeurs d’habitations, sont formés aux techniques de conception et de construction de bâtiments à consommation zéro. Des logements abordables qui ne coûtent pas cher ? C’est une chose pour laquelle je veux que le Nouveau-Brunswick soit reconnu.
Mais il faut que ces locataires puissent se rendre au travail, à l’école, à des rendez-vous médicaux ou rendre visite à leur famille sans avoir à payer un véhicule privé dont l’empreinte carbone est tout aussi importante. Nous avons besoin d’un système de transport public.
Le Canada et le Nouveau-Brunswick sont des exceptions dans le monde industrialisé en ce qui concerne la prestation de services de transport public. Le Canada est à égalité avec l’Albanie et le Kazakhstan pour ce qui est du service ferroviaire le plus pauvre parmi les pays membres de la Commission économique des Nations Unies pour l’Europe.
Le Nouveau-Brunswick dispose de systèmes de transport en commun urbains, d’autobus interurbains, d’un réseau ferroviaire et d’un système de traversiers fluviaux et maritimes, mais dans bien des cas, il est impossible de se rendre d’une destination à l’autre. Essayez de prendre un train pour Saint John, un traversier pour Campobello, un autobus direct de Fredericton à Miramichi, ou même à l’aéroport local. C’est impossible.
Il y a de l’argent disponible à Ottawa pour améliorer le transport public, de l’argent que le premier ministre Higgs a jusqu’à présent rejeté.
En réponse à l’une de mes questions pendant la période de questions, le premier ministre a fait savoir que quatre ministères discutent d’un plan quelconque pour le transport public. C’est encourageant, mais compte tenu du besoin urgent d’infrastructures de transport public et de l’impératif de réduire l’empreinte carbone du transport, nous avons besoin d’un plan audacieux.
Il est temps de prendre le contrôle des rails, de les améliorer et de faire circuler des trains de banlieue entre le Nord et le Sud et entre nos trois plus grandes villes. Maritime Bus doit être intégré au service ferroviaire et à nos services de traversiers.
Compte tenu de notre taille et du fait que la Nouvelle-Écosse et l’Île-du-Prince-Édouard ont des besoins similaires en matière de transport public, nous devrions unir nos efforts à ceux de ces provinces afin de créer un système de transport public fluide et abordable pour desservir toute notre région.
Lorsqu’il s’agit de servir un objectif public important, une société d’État est un outil efficace. De telles sociétés d’État régionales existent, pensez à Loto Atlantique. Si nous pouvons faciliter la mise en place d’un système de jeu régional, je sais que nous pouvons travailler ensemble pour répondre aux besoins des gens de se rendre d’un endroit à l’autre, sans alimenter la crise climatique.
Mes collègues du caucus et moi parlerons davantage de ces priorités à l’Assemblée législative dans les semaines à venir.
David Coon est le chef du Parti vert du Nouveau-Brunswick et député de Fredericton-Sud